L'Art Naïf

 
C'est quoi, en fait, l'Art Naïf ?

J'avoue que cette question est toujours embarrassante. Non pas parce qu'il n'y a pas de définition exacte mais plutôt parce qu'il y a beaucoup de choses à dire sur cette question apparemment anodine.
Pour faire simple, disons que l'Art Naïf est un art à part entière, fait par des hommes mais plus souvent par des femmes d'horizons complètement différents. Ils se donnent énormément de mal à essayer de raconter des « tranches de vie » sans avoir appris nécessairement, les techniques de peinture. C’est pourquoi on dit souvent d'eux qu'ils sont des autodidactes.

Mais ces "peintres du dimanche" apprennent vite car ils travaillent beaucoup. Ils finissent par acquérir une bonne technique très empirique mais très sure. Certains d'entre eux font des fautes grossières mais qui donnent un cachet personnel unique qui peut être aussi recherché et apprécié par les amateurs d’Art. Ainsi après bien des années, certains d'entre eux deviennent professionnels.

En général, un peintre naïf n'a pas de « stock ». D'abord parce qu'il met longtemps à créer un tableau et ensuite parce qu’il trouve rapidement « preneur ». Un bon peintre naïf a donc peu de tableaux chez lui. Il a toujours du mal à en réunir une dizaine. C'est la raison pour laquelle une exposition personnelle est toujours un événement.

On peut définir aussi l'Art Naïf comme peinture spontanée, qui sort, qui jaillit souvent du coeur. On a voulu les appeler à un moment donné (1925) peintres du « coeur-sacré ». Finalement, si on est honnête, aucune définition ne convient parfaitement à ces artistes normaux qui font de belles choses, de facture agréable et figuratives. Ils racontent la vie et, comme la vie, elle est difficile à définir…

L'important est plutôt le ressenti, les émotions vraies, les "chocs" que l'on peut avoir en s'arrêtant brusquement sur un tableau. Il déclenche en nous une sorte d'ouverture intérieure, nous renvoyant aussitôt dans notre passé. Exactement comme « les petites madeleines de Proust ».

Une fois que cette "rencontre " se sera opérée, vous reconnaitrez immanquablement une peinture naïve, car elle aura sa spécificité, un petit quelque chose en plus d’indéfinissable, une palette de couleurs très visuelle, leurs thèmes finissant parfois par être récurrents. Vous reconnaitrez tout cela lors d’une visite à une exposition d’Art Naïf ou au Festival Mondial de Verneuil (27).

Ce qui est dommage c'est que du coté des « professionnels des beaux arts » cette expression dans leur bouche signifie que : « vous ne savez pas peindre ». C'est donc très péjoratif. Ils n'ont pas du tout évolué depuis le temps où le premier des naïfs, en l'occurrence

LE DOUANIER ROUSSEAU

, a été victime des mêmes préjugés. Pour eux l'Art Naïf est une « école », et tous les peintres se copient entre eux.

Et pourtant ces peintres plaisent !!! Ils sont populaires car ils plaisent à tout le monde. Je me rappelle cette anecdote où André Malraux, alors Ministre de la Culture s'était demandé pourquoi il y avait tout un groupe de personnes autour d'un tableau. On lui aurait répondu qu'ils regardaient un tableau naïf. Cette histoire est encore actuelle, 40 ans après !

Les amateurs d’Art Naïf préfèrent, quant à eux, fuir ces débats médiocres pour pouvoir apprécier les couleurs chatoyantes et toutes les saynètes qui nous rappellent notre enfance sans pour autant sombrer dans la mélancolie. Cet art, parce qu’'il est populaire et qu'il a un vrai succès, je l'adore. Je reste sur ce dicton du temps où l'on se respectait: "les goûts et les couleurs ne se discutent pas". Na !

 

 
 



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